dimanche 6 mai 2012

Tout ce que tu ne peux pas faire quand tu es « infertile »

Déjà le terme infertile tu le préfères à stérile car il a un petit côté moins définitif que l’autre. 

-       - Tu ne peux pas te réjouir quand les autres sont enceintes…même tes meilleures amies tu as juste envie de plus jamais les revoir tellement ça fait mal de les voir avec le ventre qui s’arrondit, d’ailleurs tu t’isoles un peu.
-       - Tu ne peux pas faire l’amour juste quand tu as envie ou en tout cas ça rend les choses moins spontanées…tu te dis « ah non dans deux jours j’ovule autant mettre toutes les chances de notre côté » ! sauf qu’en fait des chances y en a pas. Y a que la médecine qui peut t’aider, et ça t’a beau le savoir, c’est tellement dur à accepter que tu ne peux pas t’empêcher d’avoir un petit espoir (la faute aux gens qui te disent « mais si tu sais si tu arrêtes d’y penser, de focaliser la dessus, ça va marcher, c’est sûr »…ouais ouais…
-       - Tu ne veux pas tomber dans le truc ridicule de la superstition ou des recettes de grand-mère car tu trouves ça débile et pourtant, tu le fais ! Tu brûles des encens, tu fais le poirier, tu fais des pseudos prières, tu t’en remets à d’autres qu’à ton corps vu que ce con il a l’air de pas vraiment comprendre pourquoi il est là et à quoi il peut éventuellement servir.

Le "miracle" de l'amour :)
Un jour miracle (enfin si on appelle miracle une FIV) tu es enceinte comme n’importe quelle femme, sauf que tu as tellement galéré avant que :
-       - Tu n’as pas le droit d’avoir peur de faire une fausse couche ou d'avoir un problème tu dois juste te réjouir, déjà t’es enceinte, et puis si ça marche pas tu recommenceras (oui c’est vrai qui ne voudrait pas si coller des aiguilles dans le ventre et une bonne hyperstimulation ovarienne).
-       - Tu n’as pas le droit de te plaindre de ton état de grossesse…ce n’est pas comme si ce n’était pas voulu, donc les petits désagréments tu es censée vivre avec et trouver ça super cool et glamour (ben oui qui a dit que ça n’était pas agréable les nausées et pas glamour les hémorroïdes ?)
-       - Tu n’as pas le droit de trouver que parfois ton couple bat de l’aile car « avec ce que vous avez traversé avant l’arrivée du bébé, vous ne risquez plus rien », ben oui c’est sûr on est plus forts que les autres, on dort peu, on a plus de temps pour nous, mais tout va bien !
Une fois que ton bébé est là c’est pareil,
-       - Tu ne dois jamais dire que tu en as marre, que c’est angoissant, que tu te ferais bien une bonne grass mat parce que sinon tu auras toujours une « bonne âme » pour te rappeler à quel point tu as de la chance (et c’est vrai ! même si parfois c’est quand même un peu dur).


Et puis un jour, 14 mois après la naissance de ta fille, tu te dis que finalement rien ne sert d’attendre, que vous avez déjà perdu beaucoup de temps et que c’est peut-être le moment de décongeler quelques embryons (oui c’est glamour la procréation médicale assistée !). Parce qu’on ne te l’a fait pas deux fois, ce n’est pas à 34 ans que tu vas à nouveau attendre 6 ans pour être enceinte et laisser faire la nature ! 
Nous la cigogne elle a perdu notre adresse donc autant passer directement par la case labo ! 
Donc tu te lances, tu prends RDV et tu réenclenches le protocole. Sauf que tu précises juste comme ça dans la conversation que tu allaites toujours ta fille (quoi elle a 14 mois et alors ?! – bon ça c’est une autre histoire) et on te répond que non en fait ça va pas être possible, que pour démarrer le nouveau traitement tu ne peux pas allaiter car cela serait dangereux pour ta fille (c’est sûr un bon cocktail d’hormones à 14 mois ne me semble pas être le meilleur des desserts). 

Et là tu te prends une petite claque, un petit retour en arrière qui ne te fait pas vraiment voir la vie en rose…rien de grave après tout (c’est ce que tout le monde te rétorque « tu l’as allaitée 14 mois, ça va, tu peux bien arrêter », oui c’est vrai je peux arrêter…simplement une fois encore c’est l’expression de mon non choix qui m’agace et me peine, la non maîtrise de mon corps et de ses capacités.
Pour avoir un autre enfant j’ai le sentiment de priver mon aînée de quelque chose et je trouve ça dur de devoir y renoncer de cette façon sans que cela ai été son choix ou le mien. 
C’est vrai que ça n’est pas si grave c’est juste que pour une fois je me disais que j’étais presque passée du côté des filles « normales » et en fait je ne suis qu’une fille infertile (mais je n’ai pas le droit de me plaindre parce qu’en plus j’ai déjà un enfant, ça n’est pas si mal !).  

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